Festival de Clermont-en-Genevois

La programmation de cette deuxième soirée soulevait plusieurs questions confirmées par les effluves sonores générées lors des balances. L'affiche annonçait en première partie Santos Chillemi quintet dont le leader a apporté avec lui une musique presque intimiste bâtie autour du tango de son pays natal, laissant la place à la formation survoltée des Ligertwood/Top/Ceccarelli baignant dans les restes du jazz fusion de la fin des années 70. Comment nos sensibilités, nos oreilles, notre réception des événements allaient pouvoir s'adapter sans réaction hostile à un tel écart ? N'y allait-il pas avoir de la part du public un phénomène de rejet comme nous avons déjà pu le vivre lorsque le mélange des genres est trop radical et que ce public ne s'accorde pas le temps nécessaire d'adaptation ? Soirée qui pour le moins s'annonçait donc intéressante sur plusieurs points de vue. Nous abordions donc cette soirée avec Santos Chillemi que nous n'avions pas vu sur scène depuis quelques années. Accompagné d'Etienne Brachet à la batterie et Jose Fallot à la basse électrique. En trio, comme pour annoncer ce retour sur scène, l'introduction se fait sur Volver (le retour en français) l'un des grands standards argentin chanté par Carlos Gardel dont le thème a aussi servi à Almodovar pour son film éponyme. Toujours porté par ce trio le public se laisse emporter par le romantisme de cette musique sur Mi Buenos Aires querido autre succès de Carlos Gardel. Arrivent alors sur scène Michel Schick aux clarinettes et Boris Lamerand au violon. Le quintet nous emmène alors dans un superbe voyage navigant entres compositions et standards de la musique argentine. Michel Schick opère principalement à la clarinette basse ce qui avec la basse électrique six cordes donne une couleur assez novatrice à cette musique et dans ce registre, se marie particulièrement bien avec le son du violon. L'alchimie entre ces musiciens fonctionne à merveille. La Provinciana, Siento, Avec l'accent, La fanfare..., onze moments de plaisirs qui s'achèvent sur cet autre monument qu'est La Comparsa. C'est une musique très écrite superbement jouée qui à en juger par le manque de réaction tient le public en haleine jusqu'à la dernière note. Les réactions en fin de morceaux sont enthousiastes et unanimes, on en redemande. Le quintet se reforme alors pour un dernier rappel sur Trinidad, titre d'un des grands enregistrements de Santos Chillemi. A la sortie les CD s'arrachent, le succès mérité est au rendez-vous. (Santos Chillemi: piano ; Jose Fallot: basse ; Etienne Brachet: batterie ; Michel Schick: clarinettes ; Boris Lamerand: violon)

Jazz-Rhone-Alpes

MUSIQUE ET CINÉMA

DVD Santos Chillemi : Live in Paris
At the Petit Journal Montparnasse
Durée : 1h 36'

Santos Chillemi, ce n'est pas du tango nuevo, c'est du jazz. Un jazz authentique. Nourri, bien sûr du tango argentin, mais comme le jazz, aux States, est nourri de blues ou de gospel. Les racines sont apparentes, trois airs de Carlos Gardel, la statue incontournable (Volver, Mi Buenos Aires Querido et Tomo y obligo), mais aussi un Choclo devenu Choclo burlon (moqueur) et une Comparsita, qui a grandi et est devenue Comparsa. Plus des compositions de Santos Chillemi, toutes aussi jazz et argentines. Pour accompagner ce pianiste au jeu percussif autant que mélodique, l'inébranlable bassiste José Fallot, le solide batteur Etienne Brachet et le percussionniste Arnold Moueza. Santos Chillemi fait, avec le tango, un peu ce que Django Reinhardt avait opéré avec le folklore français des guinguettes : une greffe réussie. A ne manquer à aucun prix.

Michel Bedin

GUITARRES ET CLAVIERS

Ce pianiste argentin (et parisien d’adoption depuis une décennie) est probablement l’une des figures les plus singulières de la scène hexagonale : discret jusqu’à l’effacement, il fait des apparitions ponctuelles qui sont toujours en forme de coups d’éclats. Son précédent disque « Buenos Aires je t’aime je te hais » en avait étonné plus d’un. Cette fois, il s’en est allé tout simplement à New York, pour s’adjoindre la compagnie d’Eddie Gomez et Peter Erskine (auxquels s’ajoutent au fils des plages, Louis Sclavis, Eric Séva, ou le bandonéon de Juan José Mosalini…) Le tango, évidemment passe par là, mais comme un élément dans un langage où se reconnaissent aussi le jazz et les musiques savantes européennes. Et la réussite tient sans doute dans l’équilibre remarquable entre les sens des formes, le goût de la construction et la préservation du lyrisme où s’épanouit l’improvisation.

Xavier Prévost

LE MONDE DE LA MUSIQUE

Le charme mélodique des musiques d'Argentine auxquelles il rend hommage en compagnie du joueur de bandonéon Juan José Mosalini présent sur l'une des pièces. Sa musique a parfois la violente concision du rock moderne et son usage de la répétition. Et le jazz ? C'est ici le plaisir de l'improvisation à risque, de la rythmique qui tourne sur le flux continu du tempo, de la connivence et de l'aventure à trois autour d'un piano.Loin du phasé mélodique linéaire des boppers, il évoque des univers aussi distincts que ceux de Paul Bley, Keith Jarrett, Ran Blake, Mal Waldron ou même Martial Solal (celui de la Suite en ré bémol ou de Sans tambour ni trompette). Aussi ne s'etonnera-t-on pas de voir ce dernier signer sur la pochette un texte ainsi conclu : 'la voix de l'écriture me paraît aujourd'hui nécessaire à une réelle avancée du jazz. Et Santos est de ceux qui font avancer le jazz'. Je le pense aussi et brandit ce disque avec enthousiasme vers ceux que l'avenir incertain du jazz attriste. Santos Chillemi ne se contente pas de mimer la création, il la mène à bien... J'allais oubler la rythmique, tandem régulier (Abus dangereux, Quintet d'Andy Emler), mobile, nerveux, omniprésent sans être envahissant: à la batterie vous connaissez déjà François Verly (Denis Badault trio, Antoine Hervé big band, Orchestre national de jazz); à ses côtés, un bassiste électrique qui fait ici, littéralement, parler son instrument comme personne, Philippe Talet.

Franck Bergerot

JAZZ MAGAZINE

Nulle incongruité, ni anachronisme, ni barbarisme, certes, dans l'accouplement des deux musiques américaines qui constituent les phases de l'univers de Santos Chillemi : les deux amours de cet Argentin à Paris qui, au delà d'une évidente et chaleureuse virtuosité pianistique, maîtrise le vocabulaire, la syntaxe du Jazz avec les infinies nuances, différences et singularités qu'on serait tenté d'appeler un accent. Pratique mais réducteur, le terme mérite d'être déplié pour correspondre à des jeux de couleurs et d'intensité, à des inflexions, à d'autres valeurs rythmiques et surtout, plus globalement, à une (autre) histoire... Celle-ci a commencé en Sicile (terre de ses ancêtres), s'est poursuivie à Buenos Aires (où santos naît le 13 septembre 1950 puis étudie au conservatoire, piano, musique électro-acoustique, harmonie, composition,...) et à partir des années 80, à Paris (il analyse les travaux de l'école de Vienne et la musique sérielle sous la direction de Pierre Mariétan). A son tour, il a commencé d'enseigner -le jazz, le piano - et très naturellement s'est partagé entre un Sextette de Tango Moderne et un Jazz Combo ou un Trio piano -basse -batterie (Tridhas). Mais si les éléments biographiques, l'inventaire des "références" et chemins parcourus sont difficilement évitables et point trop inutiles, ce qui au bout du compte (ce qui compte et ne se compte pas), ce qui s'impose ici avec une force rare et d'emblée jubilatoire, c'est cette masse sonore au mouvement constamment déhanché et au romantisme dur, ce flux aux méandres comme zigzagant, ces alanguissements striés presque douloureusement de cris(es) étouffé(e)s et toujours cette énergie mélodique à quoi n'est pas étrangère une exquise brutalité... Une autre voie, donc, dans un espace aujourd'hui tellement balisé que l'on avait pu désespérer d'y entendre un chant nouveau.

Philippe Carles

JAZZMAN

L’ originalité et l’intelligence de la musique de Santos, c’est qu’elle n’a jamais cherché à cacher son accent. Constitué de références au tango, à la samba, aux vidalas et autres milongas, le discours jazzistique de Chillemi poursuit le dialogue avec la tradition populaire (probablement avec une « accentuation de l’accent », à l’heure de la parution de son cinquième album en France. Des compositions personnelles, plus « argentines » que jamais, bien que Chillemi n’est en rien renié son attachement pour le jazz et la musique classique contemporaine. Elles se présentent chargées de nostalgie et de tristesse, ce qui contraste bien avec l’ humour, le vrai, celui que le pianiste sait tourner contre lui. Très bien secondé par un sextette, dont se détache nettement ( outre la couleur tellement identifiable du bandonéon ) le travail rythmique de Marcelo Rusillo et de Claude Mouton ( familier aux affaires latines du sud depuis longue date ). Si l’ accent a changé c’est au niveau de l’orchestration : Chillemi privilège cette fois des cordes ( deux violons invités ) sur les vents, naguère plus en perspective ( Sclavis-Seva sur « Trinidad » probablement son album le plus réussi ). Martial Solal disait que « la musique de Chillemi faisait avancer le jazz ». On peut parier qu’il pense toujours ainsi.

Francisco Cruz

GUITARES & CLAVIERS

"l'une des figures les plus singulières de la scène hexagonale..."
JAZZ EN VILLE

La virtuosité du pianiste argentin Santos Chillemi n’a d’égal que son talent de compositeur. En débutant par un magnifique morceau où quelques notes de piano et de contrebasse se mélangent dans une parfaite plénitude, l’artiste a frappé fort. Son jazz latin qui s’est approprié le soupçon idéal de modernité, la douceur latine et les rythmes du tango, a séduit le public Oloronais. Devant la qualité de cette première partie, Ray Lema a même modifié l’ordre de ses morceaux pour donner le meilleur de lui même.
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Que dire de plus que quelques mots griffonnés au dos du CD après la deuxième écoute: « on ne s’en lasse pas ». Tout est apparemment fait pour tenir l’amateur de jazz loin de ce disque: l’origine argentine de Santos et un orchestre typique des formations de tango, le saxophone en plus. Reste l’écoute... Et la il faut bien se rendre à l’évidence d’un disque de jazz, heureusement concocté sous les auspices conjugués de Patrick Frémeaux, de ses associées et du label La Lichère. Le pianiste a le jeu puissant requis par le jazz. S’il faut jouer au « qui ressemble à quoi », nous signalons Keith Jarret dans ses moments les plus jazziquement inspirés. Mais McCoy Tyner n’est pas loin. Santos Chillemi a bien fait de s’arrêter en France pour enregistrer, avec l’accent argentin, un jazz solide, souple, swinguant, revigorant et tout destiné aux aficionados de CD.

Jacques Louis
JAZZ NOTES

Un artiste à part maîtrisant le piano d'une belle façon. En plus, son talent consiste à produire une musique avec directions constantes. La première, d'un classicisme avancé représente bien notre époque. La seconde, aux accents des îles et du continent Sud Américain et enfin du jazz, qui apparaît comme sa propre intimité, mais d'une façon élégante et sophistiquée. Seize compositions, les siennes et celles de ses auteurs préférés. Le point d'orgue étant le titre qui prend des allures majestueuses et s'anime comme une oeuvre phare. On peut aussi ajouter "La Comparsita". Un musicien souvent dans l'ombre mais animé d'un éclat sans pareil, à la musique toujours éblouissante.

JAZZ HOT

"...un toucher exceptionnel, un sens du découpage rythmique hors du commun.."

JAZZ MAGAZINE

"...d'abord du beau "piano", comme on dit du bel canto ou d'une belle femme, opulent, nuancé; et puis une vie, une diversité rythmique sans rapport avec les métronomes mode... ...Assez rare pour souhaiter que Santos Chillemi ne reparte pas trop vite vers son Argentine natale. (Quand aux méfiants systématiques, rassurons les : Santos est de ceux qui font avancer le Jazz " Martial SOLAL dixit.)
SANTOS CHILLEMI ET COMPAGNIE FEATURING JUAN JOSE MOSALINI

Jazz entstanden im zusammenflißen unterschiediicher Kulturen hat in anderen Teilen der welt neue musikalische Energien freigesetzt Immer wieder Anstoß zu Entwicklungen gegeben die durch Assimilation zunachst tremder Element und Substanzen zu faszinierenden Klangfarben und Spielweisen geführt haben seit den Anfangen gibt es im jazz Latin-Einflüsse. Und Jelly Roll Morton meinte gar the Spanish tinge sei das entscheidende Ingredienz des jazz ein Bestandteil das den jazz vom Regtime unterscheide. Wie dem auch sei Latin Element haben in der Geschichte des jazz imer wieder wichtige Rolle gespielt. Es genugt an Laurindo Almeida und Bud Shank an Airto Moreira und Flora Purim zu eriner. Eine sehr spezielle Aneignung des jazz durch lateinamerikanische Musiker fand im ‘’Tango nuevo’’ statt der inzwischen eigene Traditionen und proflierte Personaistile nervorgebracht hat die mit so herausragenden musikern wie Astor Piazzola Juan José Mosalini Dino Saluzzi und Luis Di Matteo assoziiert werden. Fur den Argentinier Santos Chillemi ist det Tango ein wichtiger doch keineswegs der einzige Einfluß. Er hat sich gleichermaßen mit klassischer und Neuer Musik mit zeitgenossischer Komposition und mit jazz auseinandergesetzt Chillemi 1950 in Buenos Aires geboren studierte am konservatorium seiner Heimatstadt Klavier. Elektroakustik Harmonieienre und Komposition im Anschluß an sein Studium arbeitete er mit lateinamerikanischen Gruppen mit denen er auch ausgedennte Tourneen unternahm 1981 entschioß er sich seinen Wonnsitz nach Paris zu verlegen. Er schreibt Kompositionen fur Sinfonieorchester und Filmmusiken studierte bei Pierre Marietan die Werke der zweiten Wiener. 1943 in Buenos Aires geboren, war Mosalini bereits mit 17 Jahren professioneller Musiker und arbeitete als Bandoneon spieler mit den wichtigsten Orchestern und Solisten Argentiniens. Mit seinem eigenen Ensemble gehörte er bald zur Tango Avantgarde des Landes. Mosalini ist einer der Großen des Bandonneons, der es versteht, Tradition und Moderne auf faszinierende Weise zu verbinden. Chillemi wurde 1950 Buenos Aires geboren, studiere dort Klavier, elekro-akustische Musik, armonielehre und Komposition. In den achtziger Jahren ging er nach Paris, um sich dort mit Werkanalyse, der Wiener Schule und serieller Musik ( Lehrer: Pierre Mariétan ) zu beschäftigen. Schließlich unterrichtete er in Argentinien und Frankreich Jazzpiano.

WITH THE ACCENT

In fact, it would be easier to present Santos Chillemi’s music using hundreds of pretentiousness onomatopoeias and to leave his melodies seize us and our passports to guide us trought a journey to an involving, sensual, nostalgic and planetary destination. Nothing uncertain in all this. Only a powerful music wich leads us to caress with the eyes of the imagination any sidewalk on the borders of the world that salutes us with the remembrance of the last rain. The sun, warm and wet, takes over and dries us up from this stylish diversion putting us uniquivocally into the arms of a voluptuous figure which, by distortion, pushes our memories out, seduces them, feeds them with the colours of our childhood. Nothing escapes this story of life. Nostalgia, sadness, love, hope. We are the tourists of our own dreams, thanks to that unruly rhythm which traduces, magically, our personal stories. There is not anything strange in this. Because this captivating music is the amalgam of many nations feelings. Santos was born in 1950 in Argentina. Nation where the hopes of millions of inmigrants from different origins, were attracted in the beginning of this century. In their shabby suitcases, they were carrying the music - maternal scene - of their native lands. Then, in this country where everything was possible, they sang the songs of others. They ended their intergration identifying themselves with the tango music with varied leneage and wich tells of the hope, the love and the pain of the uprooted people. Like his ancestors, Santos sings Italy. Like his story, he hums Spain. Like his youth, he remembers the Rolling Stones. And as his will tells him, he merges into his music Bela Bartok, Miles Davies, Chick Corea, Keith Jarret, the tango and the folklore of his country. As a corollary, a symphony of pictures deeply Latin American coloured, which develops itself, growing, endless. Four more recordings confirms the aforesaid, one of them, recorded live in the Mainz Festival ( Open OHR ) in Germany. With this fifth album, Santos Chillemi reties the magical sounds of his contrasted and borderless universe wich leaves us - who would bedredge him? - the certitude of an instant of life, of a moment of fantasy.